Parler n’est pas communiquer

Article publié dans le numéro 1 du magazine Lavida

Qu’est ce que signifie le mot “communication”?

D’un point de vue étymologique, le mot communication signifie transmettre, partager, être en rapport mutuel, en communion avec, mettre en commun. Nous retiendrons “l’action de faire comme un” dans sa version la plus forte et “mettre en commun” dans la version plus soft. Ces définitions mettent en évidence les deux dimensions qui existent dans un processus de communication; à savoir le contenu de ce qui est effectivement échangé de façon consciente et le processus lui-même, qui met en jeu des éléments dont une bonne part n’est pas consciente. Ces éléments non conscients facilitent ou rendent au contraire l’acte de communication lui-même plus difficile et atténuent la qualité de ce qui est communiqué. En effet, en transformant en nom le verbe “communiquer”, l’on a tendance à valoriser la dimension de la pensée, des concepts, des informations échangées plus ou moins adroitement en oubliant trop souvent les processus humains psychoaffectifs et corporels qui dépassent de loin les échanges d’information conscients. Pour exemple, sans se perdre dans des chiffres, de nombreux travaux ont montré la part majoritaire jouée par les éléments non verbaux de la communication (posture, mouvement, mimique du visage ton de la voix, contexte…). Les animaux ne parlent pas, et cela ne les empêche pas d’avoir une communication très efficace.

Communiquer demande de la conscience.

Si l’on considère le processus de communication entre deux personnes, deux phases qui se chevauchent plus ou moins sont à considérer. Dans la première, les interlocuteurs “s’altèrent” mutuellement en ce sens que chacun rencontre une altérité, un autre, une information nouvelle, une pensée différente, une vision autre. Le verbe “altérer”, utilisé ici dans son étymologie première, implique un changement lié à la confrontation à l’altérité, à l’autre, le “différent”. Il n’implique pas une détérioration. Cependant, tout ce qui est nouveau est susceptible d’apporter de l’inconnu dans la conscience, tout changement peut générer des angoisses ou des peurs et le besoin de se différencier fortement de l’autre de façon défensive. L’inverse peut arriver aussi, l’on peut se perdre dans la fusion avec l’autre en s’oubliant dans l’adoration plus ou moins consciente de l’autre comme dans l’amour passionnel par exemple ou l’adoration d’un gourou. Ces processus polaires de différenciation et de fusion intervenant dès qu’une interaction entre deux personnes se met en place mettent en œuvre des mécanismes de défense propres à chacun. S’ils ne sont pas identifiés et conscientisés, ils risquent d’entraver la communication elle-même, la laissant freinée, contrainte, bloquée dans son premier stade: la fusion/différenciation, étape nécessaire, mais n’aboutissant pas à l’enrichissement mutuel si l’on ne va pas au-delà. Une remarque peut être faite ici : dès lors qu’elle apporte quelque chose de nouveau, toute rencontre avec une altérité est une richesse en soi, même si cette dernière n’est pas forcément perçue, ni assimilée, dès lors que seul ce qui procure du plaisir ou de la réassurance est considéré comme intéressant et qu’est évité tout ce qui peut produire de l’inconfort. Dans ce cas, la personne ne perçoit pas de manière consciente cette richesse (qui, soulignons le, est un fait objectif) et ne fait que se rassurer en tentant de revalider sa “carte du monde” face à celle de l’autre. L’inverse est également vrai, certaines personnes dans certaines situations peuvent oublier leur propre “carte du monde” et leur propre singularité en se noyant et en fusionnant dans celle de l’autre, sans être en mesure de garder leur sens critique, et de faire la part des choses Les mouvements sectaires, ou les relations fusionnelles fonctionnent sur ce mode là et augurent en général des conséquences malheureuses. Tant que la capacité à réfléchir est subjectivée et affectée par un “j’aime/j’aime pas”, la capacité à agrandir et à enrichir consciemment la carte du monde reste très limitée.
Au contraire, si l’on accepte d’être “altéré”, et de ne pas juger (= arrêter de réfléchir, en réduisant l’autre et/ou ce qu’il tente de communiquer, à une généralisation) en fonction de ce qui nous procure ou non du plaisir – selon que cela s’accorde ou non avec notre système de valeur- la communication peut être améliorée. La prise de conscience des défenses mise en œuvre mène alors à un enrichissement par la différence plutôt qu’à un éloignement par des divergences.

Si cela s’avère possible, la deuxième phase de la communication peut alors s’augurer; à savoir celle qui fait émerger la créativité et fait passer du parler au communiquer ; celle dans laquelle, ayant coordonné ma vision du monde avec l’autre, je peux, avec lui, construire une vision commune, respectueuse de chacun en tant qu’individu (=être non divisé) tout en bénéficiant d’un système relationnel plus vaste : couple, équipe, classe, pays… Au-delà de la polarité fusion/différenciation dont nous parlions précédemment, nous pouvons parler là “d’intégration” dans le sens de transcender-inclure. Cela signifie, prendre en compte les similitudes et les différences dans une vision commune plus élargie, conserver ma total-ité (être une totalité en tant que moi-même) tout en bénéficiant du fait d’être aussi une partiel-ité (faire partie d’un système relationnel). Notez que ces mécanismes sont très similaires à ce qui se passe en chimie lorsque deux atomes sont engagés ensemble dans une molécule: ils perdent une partie de leur liberté pour créer une ou plusieurs liaisons, mais peuvent “vivre” ensuite dans la molécule qui acquiert des propriétés que ne possèdent pas les deux atomes séparés, offrant de ce fait, des possibilités nouvelles (mais aussi une plus grande complexité). “Le tout est plus que la somme des parties!” nous disent la Physique et la Chimie. Cependant, s’il existe des lois universelles qui dictent ce que les atomes peuvent faire ou ne pas faire et si les atomes doivent les respecter pour “vivre” dans des molécules, il en est de même pour les personnes au sein des couples, des familles, des communautés, des équipes, des pays… Si l’on garde la métaphore de la molécule pour représenter un système de communication entre deux individus par exemple, il est intéressant de constater que les atomes ne perdent ni leur identité, ni leur intégrité au sein d’une molécule: ils ne fusionnent pas entre eux et ne perdent pas leur identité malgré la grande variété des liaisons possibles. Par analogie, nous retrouvons cette idée qui consiste à dire que dans une communication interindividuelle, chacun doit s’efforcer de respecter son identité et son intégrité tout comme celle de l’autre pour qu’une communication réelle puisse s’instaurer, perdurer et évoluer de façon créative. Bien sûr, cela ne se fait pas sans volonté ni sincérité et, comme nous le disions déjà précédemment, un certain engagement implique une conscience de soi et de l’autre. Cependant, cela ne suffit pas, certaines compétences mentales et émotionnelles sont nécessaires dont les uns et les autres sont plus ou moins dotés, fonction de leur histoire et de leur constitution: la bonne nouvelle ici, est que, pour une bonne part, ces dernières peuvent s’acquérir et se travailler dans une certaine mesure; la moins bonne, c’est que nos limitations viennent pour une large part de l’inadéquation de nos apprentissages passés et qu’apprendre veut d’abord dire désapprendre, conscientiser, puis critiquer objectivement notre propre mémoire et nos constructions mentales. Or, il est assez peu confortable de prendre conscience et de poser un regard critique sur les modes de pensées et les réactions avec lesquelles nous avons l’habitude de fonctionner dans notre relation à nous même et aux autres pour s’apercevoir qu’ils nous limitent (autant qu’ils nous sécurisent…). Conscientiser notre communication (et sa qualité) avec nous même et avec les autres, demande des efforts et un engagement personnel. Cependant, quiconque s’engage dans cette voie de façon sincère, travailleuse et patiente ne peut que s’améliorer et entrevoir plus clairement sa liberté et sa responsabilité dans ses relations, que celles-ci soient personnelles, professionnelles ou avec les acteurs des médias, pub, politiques et autres. Le prix à payer sur cette voie est bien souvent, au moins dans un premier temps, de devoir accepter de se confronter à la complexité des mécanismes humains et aux lois qui les gouvernent et d’accepter parfois durement que, si l’on peut jouer avec les lois relatives des hommes, il existe des lois universelles sur lesquelles nous sommes bâtis (corps et conscience); lois que l’on ne peut nier ou violer indéfiniment vu que, par définition, elles sont inviolables et nous fondent.
En synthèse des propos précédents, nous voyons donc que communiquer implique de la conscience, de l’ouverture, de la sincérité, de la responsabilité, une volonté de rencontrer le monde de l’autre et de lui faire connaitre le notre. Ceci nécessite un effort et un travail intérieur pour réfléchir (penser sur la pensée), désubjectiver notre pensée et la sortir de la logique “j’aime/pas”, pour communiquer, au lieu de seulement penser et parler. En effet, si penser et parler suffit pour la vie courante et légère, cela s’avère totalement insuffisant pour les situations mettant en jeu des engagements et des responsabilités mutuels. Communiquer, écouter et regarder ne signifient donc pas parler, entendre et voir. Parler, entendre et voir s’acquiert par “imprégnation” dans l’enfance, alors que communiquer, écouter, regarder et observer s’apprennent et se conquièrent par une volonté consciente, du travail sur soi et une certaine discipline nécessaire à respecter dans l’usage les codes, règles et lois du langage, verbal et non verbal.

Et le marketing, est-ce de la communication?

Le marketing et la publicité nous altèrent dans le sens où l’on tente déclencher en nous une réaction affective vis à vis d’un produit, d’un slogan ou d’une idée, pour provoquer un acte: l’achat, le vote… en définitive un “j’aime” ou un “je désire”. Est-ce que cela nous enrichit pour autant? Sans faire de généralisation, rien n’est moins sûr. Qu’est-ce qui fait que certains sont prêts à débourser une somme nettement supérieure pour s’offrir un téléphone d’une marque célèbre, alors que des produits techniquement parlant équivalents ou même meilleurs sont sur le marché à un prix bien inférieur?…L’altération créée chez eux par le marketing, c’est-à-dire la part de “rêve” amène à ce que l’on réussisse à leur faire acheter ce “plus” du produit par le biais d’une manipulation de leurs cartes du monde grâce à des techniques appropriées. Se pose ici une question morale: Est-ce un échange sincère et mutuellement respectueux? C’est là un grand débat éthique que nos sociétés auront de plus en plus de mal à éviter, tant la puissance de “communication” et l’influence des grandes entreprises marchandes et multinationales grandit conjointement à la dérégulation des marchés. Les techniques de neuromarketing, les volontés multiples d’accéder à nos comportements sur les sites internet à notre insu, en sont déjà des exemples qui ne devraient pas être sous estimés. Nous pouvons en tout cas objectivement dire que, dans bien des cas, le désir du consommateur ou l’espoir de l’électeur sont manipulés par le biais de techniques conscientes et délibérées que la majorité des gens ignorent. Le mode de “communication” du marketing au sens large (pub, politique…) est donc bien plus proche de la séduction que de la communication, telle que nous l’avons définie précédemment. Or, nous le savons tous, la séduction peut cacher le meilleur comme le pire… Il en est probablement ainsi du marketing. Certaines sociétés par exemple développent aujourd’hui un vrai marketing éthique, en contact direct avec leurs clients et démontrent un engagement réel dans la défense de certaines valeurs liées aux produits qu’elles commercialisent. D’autres sociétés au contraire, utilisent l’argument marketing du développement durable pour vous vendre leur produits garantis plus écologiques, donnant l’impression que vous avez fait en collaboration avec elles quelque chose de bien pour l’environnement, alors qu’en réalité vous avez alimenter leur commerce juteux et polluant. Le mode de communication de ces sociétés s’apparente bien plus à de la séduction perverse.
Enfin, le consommateur a la responsabilité de ne pas être ignorant face à cette communication si puissante du marketing. Il peut parfois se demander qui est “cette blonde aux gros seins” qui veut lui vendre presque tout :).

Nous ne savons pas communiquer

Une réalité qu’il faut reconnaitre est que, bien que le mot communication soit très couramment employé, peu de personnes ont réellement appris ce qu’il recouvre et implique. En effet, à l’école, nous avons été initiés au langage, à la langue, à la grammaire (sujet, verbe, complément), mais pas du tout à la communication. C’est là un déni énorme de notre société et il comporte de sérieuses conséquences: plus l’on mesure le pouvoir des mots et de la communication, plus l’on prend conscience de l’énorme impact de la mal-communication sur nos vies individuelles et collectives.
En effet, nous pensons avec ce que nous avons appris et ne pouvons pas penser avec ce que nous n’avons pas appris. Notre mémoire est remplie de phrases fausses que nous avons entendues, ou que nous nous sommes souvent répétées ; et nous ne nous rendons pas compte qu’elles ne décrivent pas justement la réalité. Le problème est que notre réalité est telle que nous la pensons: nous vivons dans la réalité que nous donnent notre cerveau et nos apprentissages. Tant que nous n’en avons pas pris conscience, nous souffrons à cause de notre mauvaise façon de penser et nous ne nous en rendons pas compte. Il est probable qu’une large part des dépenses de santé de notre pays, pour ne parler que d’elles, diminueraient très nettement si nous avions appris dés l’école les règles de base de la communication. N’importe quel professionnel ayant travaillé à cela avec des enfants peut l’attester. Plus un enfant apprend tôt une façon de communiquer juste, plus il peut se développer harmonieusement et accéder à son autonomie. Si l’on n’a pas eu cette chance, il est possible de corriger cela avant d’aller faire le tour des médecins ou des psys parce que l’on se sent mal dans sa peau et dans sa vie. L’on peut apprendre à remettre de l’ordre dans notre vie psychique. Comme tout apprentissage, cela demande des efforts et un minimum de persévérance, mais cela est tout à fait minime par rapport aux immenses gains qui peuvent en découler pour nous sur le plan de notre vie personnelle et relationnelle. De plus, cela nous restaure dans l’exercice de notre responsabilité et de notre liberté dans nos liens à autrui.
Tant que nous penserons notre rapport à nous même, à la vie, aux autres avec les matériaux de langage accumulés dans notre mémoire, notre éducation, notre langue, et notre culture, sans nous rendre compte de la manière dont ce processus s’est mis en place et se voit construit, nous serons asservis à notre mémoire et à nos filtres subjectifs. La conséquence est que, bien souvent, l’on s’adresse à la représentation subjective que l’on se fait de l’autre, plutôt qu’à l’autre lui-même dans sa singularité et les changements opérés chez lui, au fil du temps.
Cela est également vrai dans notre communication avec nous-mêmes. La première chose à comprendre et à travailler pour communiquer correctement avec nous-mêmes est d’apprendre à réfléchir au sens de “penser sur nos propres pensées”, pour voir si elles décrivent justement notre situation. Pour cela, il faut connaitre un certain nombre de règles qui ne sont pas plus enseignées à l’école aux enfants qu’aux enseignants d’ailleurs dans leur propre formation. Les parents non plus, n’ont pas l’idée d’étudier ces règles là vu que bien souvent, ils ne savent même pas qu’elles existent. Le repérage des généralisations, des omissions et des distorsions dans nos pensées, dans nos phrases et dans celles que nous entendons des autres, est une tache simple qui, à elle seule, peut faire saisir combien nous sommes encombrés et combien nous polluons nos échanges par des phrases qui falsifient ou décrivent incomplètement la réalité.

Prenons un simple exemple dans les phrases toutes faites que nous avons tous dit ou entendu un jour; à savoir, le fameux “Tu m’énerves”. Quand nous nous exprimons ainsi, nous mettons la responsabilité de notre agacement sur l’autre, et le rendons responsable de notre perception. Nous nous privons ainsi de notre propre pouvoir et de notre implication par une pensée erronée: nous nous plaçons en victime de l’autre. Dés lors, il est presque sûr que l’échange va évoluer vers une suite de malentendus et de tensions. Il est bien plus juste, c’est-à-dire en accord avec la réalité, de dire : “Je suis énervé quand j’entends tes propos ou quand tu te comportes ainsi”. Aucun jugement n’est porté sur l’autre, ni sur son identité. Je l’informe de mon ressenti et de ce qui dans son attitude ou ses propos m’affecte, de sorte qu’il puisse l’identifier. Je lui communique donc ma vision du monde pour qu’il en ait conscience. Je peux ensuite lui indiquer les changements que je souhaite, pour que nous améliorions notre communication et éventuellement les conséquences que cela aurait, s’il n’opérait pas de changement. En m’adressant ainsi à l’autre, je ne mets à aucun moment en cause son identité, je l’interpelle dans son comportement verbal et non verbal, tout en faisant la part de mon ressenti. C’est ce qui s’appelle l’assertivité, l’affirmation positive de soi : ni “hérisson”, ni “paillasson”. La sincérité et l’authenticité sont ici nécessaires, pour communiquer de la sorte.
Pour peu que l’on ait un minimum de motivation, un grand nombre de techniques simples peuvent facilement s’acquérir permettant de développer cette assertivité qui permet de se mettre -ou se remettre- sur la route de la confiance en soi et de l’estime de soi. Ces techniques sont principalement issues de la PNL (programmation-neuro-linguistique), de l’AT (analyse transactionnelle), de l’Art théatral, de l’écoute active et de la communication non violente.
De plus, il est important de comprendre aussi que la connaissance et la maitrise des ces outils de communication constitue un très bon moyen d’identifier et de se prémunir contre les tentatives de manipulation malveillantes.

Homme et femme : qu’est ce que cela change dans la communication?

Enfermer un être dans la seule dimension sexuelle constitue une forme de racisme, au même titre que de l’enfermer dans sa couleur de peau ou sa religion. Il s’agit d’une simple généralisation, une réduction du sujet à son sexe, et son usage devenu presque banal, fait ignorer l’importance des dégâts qu’elle cause. Voilà quelques milliers d’années que, suite à de malheureuses interprétations de certains textes bibliques ou issus de Traditions diverses, les femmes supportent une inégalité de droit vis-à-vis des hommes. Cette inégalité n’est pas une insulte seulement envers les femmes, elle l’est envers l’humanité toute entière tant il est évident que l’un des sexes ne peut être bien et vivre sa propre nature et expérience de vie sans que l’autre puisse vivre sa plénitude. Que de malheurs et d’horreurs encore aujourd’hui liés à tant de mémoire inconscientes. Il serait peut être tant de cesser les dégâts de ces généralisations banales et de tous ces stéréotypes qui ont causé et causent encore tant de dégâts. Les hommes et les femmes sont avant tout des êtres ayant une conscience individuelle différenciée; ce qui met tout le monde sur un pied d’égalité de droit et de devoir. Cependant, il n’est pas question non plus, d’annuler la dimension biologique : des différences physiologiques fondamentales existent, qui influent sur la femme et l’homme à de multiples niveaux du fait de leur différence de sexe. Les femmes sécrètent de l’ocytocine, ce qui implique qu’elles sont plus affectées par leurs émotions; ce qui a aussi, des conséquences dans le fonctionnement cérébral. Elles doivent donc fournir un effort supplémentaire pour développer une pensée froide. L’ocytocine est l’hormone de l’amour ; celle qui fait que les femmes se sacrifient pour préserver la vie, biologiquement parlant; et aussi celle qui fait qu’elles ont tendance à la partiel-ité (être une partie de). .
Ά l’inverse, les hommes sécrètent de la testostérone qui conditionne l’affirmation de soi, la protection du territoire, la tendance à privilégier la total-ité (être total, assurer ses frontières). Les hommes ont plus de mal avec l’expression de leurs émotions: tant dans l’expression que dans le rapport au corps, ils les vivent différemment des femmes. La douceur, la tendresse, la nuance ne sont pas des propriétés de la testostérone. Les hommes doivent apprendre à intégrer les émotions.
Cela génère chez chacun le besoin de l’autre, mais aussi les problèmes de communication qui se jouent à de multiples niveaux. Lorsque deux personnes se parlent, il y a là deux êtres face à face et il est fondamental de ne pas les réduire à leur sexe: elles constituent deux entités singulières, uniques et irremplaçables, mais, à l’inverse, il ne faut pas non plus nier la différence qu’ils représentent dans leur rapport au monde et à l’autre du fait de leur biologie.
L’homme gagne à communiquer avec la femme pour mieux assimiler le monde émotionnel et l’intelligence du cœur; tout comme la femme gagne à communiquer avec l’homme pour développer son intelligence de la raison. Il faut donc collaborer, s’enrichir de nos différences. Pour aller dans ce sens, il sera nécessaire d’amener à la conscience toute la mémoire accumulée au fil de siècles difficiles; donc que les hommes et les femmes se montrent à la fois tolérants et patients à s’apprendre enfin les uns les autres. Là aussi, peut être plus qu’ailleurs, il faudra veiller à la qualité de la communication, tant les inscriptions culturelles inconscientes sont fortes

Communication et école

Nous ne sommes pas formés à la communication. Nous pensons avec ce que nous avons appris. Parmi nos parents, nos professeurs, nos médecins, personne n’a appris la communication. L’on nous enseigne les mathématiques, l’histoire, la grammaire ; la langue de notre environnement (sujet, verbe, complément) mais pas la communication. Or, en communiquant mal, on juge l’autre; l’on fait des généralisations malencontreuses parce que l’on n’a pas développé notre capacité à traiter l’information et à faire des liens. Pourtant, la raison se forme et l’intelligence se cultive tout au fil de la vie et ses graines sont plantées dans l’enfance. Beaucoup de professeurs retrouveraient un sens à leur métier et un plaisir à l’exercer si l’on mettait à leur disposition des outils de communication. 30 enfants à gérer, à éduquer sans avoir fait une heure de psychologie, ni appris quelque technique de communication que ce soit…Cela pose problème…Il en est de même pour les soignantes dans les maisons de retraite par exemple. Or, c’est tellement énorme que personne ne s’en rend compte vraiment et n’en mesure à la fois l’impact et les possibilités futures, pour peu que l’on veuille s’y pencher. Si cela est triste, cela laisse cependant augurer bien des d’améliorations dès lors que notre société en prendra conscience et en mesurera l’importance.

Comment mieux communiquer?

C’est un très vaste sujet. Je citerais deux éléments. En premier, faire preuve de tolérance, de patience et de bienveillance semblent être les bases premières d’une communication réussie.
En second, comprendre ce qu’est l’empathie: Faire “comme un” avec l’autre, c’est, être en empathie, vibrer avec les mots et les émotions de l’autre, être en union. Ce n’est ni fusionner avec l’autre en me noyant éventuellement avec lui dans ses émotions et sa souffrance (sympathie dans son sens étymologique), ni me différencier à l’excès en me fermant à l’autre par antipathie, dans une forme “d’allergie”. C’est rentrer en résonance avec l’autre. Mais, pour faire cela, il faut être suffisamment structuré pour pouvoir se différencier, et aussi, suffisamment aimant pour se réunir.

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